La conception centrée sur l’utilisateur, clef d’acceptabilité des exosquelettes

Dans ce webinaire, Amélie Blondeaux, Directrice conception et Cofondatrice de Japet, vous explique comment la conception centrée sur l’utilisateur garantit l’acceptabilité des exosquelettes.

Amelie Blondeaux acceptabilité exosquelette

Les exosquelettes représentent une solution pertinente pour réduire la pénibilité et les troubles musculosquelettiques (TMS) sur le poste de travail

Malgré cela, de nombreuses entreprises hésitent à se lancer car ces équipements sont souvent mal acceptés par les salariés. Jugés trop encombrants, inconfortables, ils ne s’adaptent pas à leurs besoins quotidiens et finissent au placard.

Et si l’acceptabilité d’un équipement faisant corps avec l’utilisateur commençait dès sa conception?

En conception, ce n’est pas parce qu’on répond à un besoin que le produit va être accepté par l’utilisateur. Pour garantir l’adhésion à un produit, on doit considérer l’usage que l’utilisateur va en faire, c’est ce qu’on appelle l’expérience utilisateur. Découvrons ensemble cette démarche.

  • Comprendre l’utilisateur

Sans considération de l’utilisateur, de ses besoins et de ses freins, impossible de lui faire adhérer à un produit, d’autant plus quand il s’agit de produit innovant pour lequel il n’a aucun référentiel.

En effet, un produit ne peut pas répondre aux besoins de tous, chaque groupe de population à des attentes différentes et plus le groupe cible est précis, plus leurs attentes sont communes et plus il sera simple de les formaliser pour concevoir un produit qui y réponde.

Dans le cas de l’exosquelette Japet qui cible le mal de dos, il est d’abord primordial de bien comprendre cette pathologie, ses facteurs, et les impacts psychologiques et physiques qu’elle induit.

La compréhension des solutions existantes et l’analyse de la façon dont elles sont ou non déjà acceptées par les utilisateurs permet d’identifier quelle catégorie de population est déjà adressé et satisfait par un produit existant, et surtout laquelle ne l’est pas.

En ciblant les opérateurs ayant des activités sollicitantes pour le dos afin d’éviter l’incidence/la récurrence des arrêts de travail pour lombalgie et de maintenir à l’emploi des travailleurs souffrant de cette pathologie – l’exosquelette Japet.W cible le besoin d’une catégorie d’utilisateurs qui n’est pas déjà adressée par d’autres exosquelettes pour le dos. 

Il s’agit alors de définir précisément les besoins et attentes de cette catégorie d’utilisateurs en s’identifiant à lui.

  • S’identifier à l’utilisateur et à son écosystème.

Dans toute nouvelle technologie, il faut définir l’ensemble des acteurs clés dans l’écosystème de l’utilisateur. En effet, l’adhésion à une nouvelle technologie ne s’arrête pas à la seule perception du produit par l’utilisateur.

En effet, les acteurs composant l’écosystème de l’utilisateur peuvent avoir un impact sur son adhésion à la solution, les interactions qu’il a avec eux vont influer sur sa perception et sur son acceptabilité du produit.

Par exemple, dans le cadre d’une utilisation sur le lieu de travail, on doit prendre en compte, les ergonomes, les HSEs, les responsables d’équipe, les collègues… qui chacun ont des interactions différentes avec l’utilisateur final.

Il faut alors s’identifier à chacun de ces acteurs sur:

  • Ce qu’il pense et ressent permet de mieux comprendre ses émotions, ses convictions, ses frustrations. 
  • Ce qu’il entend, permet de connaître ses influences, qui il considère, et à qui il porte du crédit.
  • Ce qu’il dit/fait, permet de savoir comment il agit, quels sont ses comportements.
  • Ce qu’il voit dans les produits existants, et identifier ce qu’il trouve visuellement familier.

Ce travail permet de définir les craintes et les motivations de chacun, de considérer les pensées, croyances, sentiments, biais cognitifs et comportements impactant la perception d’un produit pour savoir sur quels leviers agir afin de favoriser son acceptabilité.

  • Définir ce que l’on peut faire.

La phase de définition permet de comprendre comment, pour chaque étape du parcours utilisateurs, le produit peut s’intégrer. Elle permet également d’identifier sur quelle typologie de produit s’axer.

En effet, maintenant que vous connaissez votre cible,  le scénario ou parcours utilisateur permet d’identifier et de définir, pour chaque moment et chaque besoin, comment la solution peut s’y intégrer. 

Dans leur conception, les scénarios doivent inclure toutes les étapes pour l’acceptabilité du produit (sa découverte, sa compréhension), son intégration et son acceptation (dans son usage). Ils doivent faire appel aux experts du secteur et aux utilisateurs eux même afin de bien comprendre les besoins d’usage sur le produit. 

Les scénarios détaillés tenant compte des interactions environnementales, humaines, psychologiques, et des impacts psychologiques, physiques et organisationnels, clarifient ce que la solution doit et ne doit pas intégrer. Ainsi, la conception de la solution sera cohérente aux besoins des usages et des utilisateurs.

Mais avant de se lancer dans la conception, définir la typologie (ou ADN du produit) permet de s’assurer que la solution sera intégrée et acceptée par l’utilisateur. 

Dans l’exemple de l’exosquelette Japet.W nous avons identifié que la ceinture lombaire, un produit existant, est déjà utilisé et bien accepté par les utilisateurs cibles. 

En effet, on sait comment ce produit agit et interagit avec l’utilisateur : sa composition textile est facilement acceptable pour l’utilisateur car similaire à un vêtement, il peut s’appuyer sur un référentiel déjà bien intégré dans son quotidien. Cette matière répond également à des contraintes biomécanique, de confort et de respirabilité indispensables pour ce type de produit proche du corps.

  • Concevoir et créer.

L’activité de conception doit toujours être centrée sur l’humain et considérer toute l’expérience d’utilisation. 

Chaque brique de conception de la solution va être projetée dans le scénario afin d’évaluer comment elle va interagir avec l’utilisateur dans chaque étape d’utilisation.

Ensuite, la solution est confrontée à la réalité : c’est la co-conception. Elle permet d’avoir un retour direct de l’utilisateur et de son écosystème sur ce qui a été conçu.

L’objectif est d’obtenir une réponse conceptuelle adaptée à chacun des usages et des utilisateurs.

  • Prototyper.

Le prototypage c’est la conceptualisation, la concrétisation d’un produit tangible pour l’utilisateur.

Il existe 2 types de prototypes complémentaires : les prototypes d’intention et les prototypes fonctionnels.

Les prototypes d’intention vont projeter l’utilisateur dans le visuel pour l’acceptabilité du futur produit. Tandis que les prototypes fonctionnels vont, eux, projeter l’utilisateur dans l’usage même du futur produit.

Les prototypes vont être étudiés par les utilisateurs et c’est grâce à leurs retours et à l’itération des prototypes que la solution va progressivement devenir acceptable pour l’utilisateur et ainsi favoriser l’immersion dans son usage.

  • Tester en conditions réelles d’utilisation.

Essentiels à l’évaluation et la validation des concepts mis en place, les tests en conditions réelles ou tests terrains sont la dernière validation de l’adéquation entre le futur produit et son acceptabilité par les opérateurs.

Ces évaluations ne se font pas au hasard mais doivent suivre un protocole. 

Il s’agit alors de définir les critères d’évaluation:

  • Ce que l’on souhaite évaluer. Cherche-t-on un test global du produit dans le scénario ou un test d’un élément particulier du produit ou dans une étape clé du scénario?
  • Par qui on souhaite faire tester. Doit on considérer l’utilisateur direct mais aussi l’ensemble des acteurs de son écosystème? 
  • L’environnement du test. Quel est le secteur d’activité de l’utilisateur cible mais aussi quelles sont les contraintes environnementales dans celui-ci?
  • Quand procéder au test. Combien de temps doit durer le test pour avoir des retours pertinents et à quel moment réaliser ces tests?
  • Comment réaliser ces tests. Quels sont les critères d’évaluation nécessaire pour obtenir des retours sur les pans de la satisfaction, de l’efficience et de l’efficacité?
  • Pourquoi réaliser ces tests. Cherche-t-on à limiter les risques accidentels, psychosociaux, les impacts résiduels, physiques ou psychologiques?

Tous ces critères d’évaluation se déclinent autour de la fusion et l’équilibre entre les facteurs de perception de l’utilisateur (utilité perçue), son intention comportementale, et l’affordance du produit (la capacité d’un objet à suggérer sa propre utilisation).  

Ils permettent de standardiser les tests, ainsi les retours obtenus pourront ainsi être analysés et retourner à la conception. La démarche de conception centrée sur l’utilisateur et donc une démarche itérative. Celle ci prend fin quand la solution atteint un niveau d’acceptabilité et d’acceptation suffisant par les utilisateurs. 

Chez Japet, la démarche de conception itérative jusqu’à l’acceptabilité de la solution, se concrétise l’obtention de la norme liée à l’aptitude à l’utilisation du produit et réglementé par le CE Médical.

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