Les exosquelettes se démocratisent dans les entreprises. Mais face à la diversité des modèles, comment s'y retrouver ? La norme AFNOR X35-800 et les guides INRS ED6531 rappellent que chaque dispositif doit être sélectionné selon les besoins du poste et la participation des utilisateurs. Voici un tour d'horizon clair des différents types d'exosquelettes professionnels, pour aider les professionnels de la SST, QVCT et HSE à comparer les exosquelettes disponibles et à choisir un exosquelette adapté à leur contexte.
Les éléments listés ci-dessous sont proposés à des fins de compréhension. Chez Japet, notre approche est la suivante : toute intégration d’un exosquelette doit impérativement débuter par une analyse de poste, s’inscrire dans une démarche globale de prévention, et inclure un diagnostic d’adéquation théorique avant tout test en conditions réelles.
Mais avant de commencer, rappelons que :
- L’exosquelette intervient en complément des 9 principes généraux de prévention, lorsque les autres leviers (organisation, ergonomie, outils collectifs) ne suffisent plus à supprimer la pénibilité.
- L’exosquelette s’inscrit dans la gestion du risque résiduel, lorsque les aménagements du poste ne peuvent supprimer toutes les contraintes.
Exosquelettes passifs ou actifs : quelle est la différence ?
Il existe deux grands types de fonctionnement pour les exosquelettes : passif et actif. Ce sont deux approches technologiques différentes, avec des propriétés distinctes. L'un n'est pas supérieur à l'autre : tout dépend du poste de travail, des contraintes physiques et de l'objectif recherché. L'exosquelette doit être adapté au besoin réel de l'utilisateur, et non l'inverse.
Un exosquelette passif :
- On parle aussi d'exosquelette mécanique car il fonctionne sans moteur. Il utilise souvent des ressorts, des élastiques ou des pistons pour soutenir le corps lors d'efforts physiques.
- C'est le mouvement de l'utilisateur qui active ces systèmes mécaniques, lesquels restituent ensuite une partie de l'énergie sous forme d'assistance.
- Ils n'assistent qu'un seul mouvement précis.
- On trouve de nombreux exosquelettes mécaniques sur le marché, notamment pour l'assistance de l'élévation du bras, la flexion avant du tronc et l'élévation de la nuque.
Un exosquelette actif :
- On parle aussi d'exosquelette motorisé. Il embarque un système capable d'activer son assistance de façon autonome.
- L'utilisateur ajuste le niveau d'assistance à son besoin.
- On retrouve des systèmes actifs sur les exosquelettes de préhension de la main ou encore de dos.
Quels types d’exosquelettes selon les zones du corps ?
Après avoir abordé leur mode de fonctionnement, on peut également classer les exosquelettes selon la partie du corps qu'ils assistent. Cette approche permet de faire le lien entre les contraintes du poste et la solution technique disponible.
En santé au travail, les exosquelettes se classent en fonction des segments corporels qu'ils assistent. Chaque modèle est conçu pour soulager une zone particulière du corps en fonction des contraintes du poste de travail.
- Soutien lombaire à 360° : conçu pour accompagner les mouvements complexes du dos, y compris lorsque la rotation du buste nécessite un soutien latéral.
- Soutien du tronc lors de la flexion avant : idéal pour les postes où l'opérateur se penche fréquemment vers l'avant, avec ou sans charge. L'assistance est principalement axée sur la face avant du tronc.
- Soutien de l'épaule lors de l'élévation du bras : utile pour maintenir les bras à hauteur de poitrine ou au-dessus de la tête pendant des périodes prolongées.
- Soutien de la nuque lors de l'élévation de la tête : pensé pour les tâches nécessitant de regarder vers le haut de manière soutenue.
- Soutien de la main lors de la préhension : adapté aux activités qui sollicitent fortement la force de serrage ou les mouvements répétitifs de la main.
- Soutien des membres inférieurs et supérieurs : apparus récemment sur le marché des exosquelettes, des dispositifs textiles soutiennent les segments du corps qui n'avaient jusque là pas d'exosquelette dédié (jambes lourdes, coudes, épaule, genoux, poignet, etc.).
Le choix du type d'exosquelette doit répondre à un besoin précis, identifié par une analyse de poste et validé avec les utilisateurs.
Exosquelettes professionnels vs rééducation : quelles différences ?
Un exosquelette industriel, ou professionnel, est pensé pour des professionnels et les travailleurs valides. Il vise à :
- Prévenir les troubles musculo-squelettiques (TMS) ;
- À réduire la pénibilité au travail ;
- Et éventuellement à maintenir dans l'emploi un salarié ayant des douleurs.
Son usage s'intègre dans une démarche de santé-sécurité au travail et d'adaptation de poste. Dans ce cadre, c'est l'entreprise qui fait l'acquisition de l'équipement et le met à disposition de ses collaborateurs. C'est dans ce domaine que Japet Medical se spécialise depuis 2019.
Il faut savoir que les fabricants d’exosquelettes peuvent choisir parmi plusieurs réglementations pour commercialiser ces exosquelettes professionnels. C’est pour cette raison qu’on trouve des exosquelettes professionnels “Directive Machine” et “Dispositifs Médicaux”. Ce marquage CE est déterminé par la finalité du matériel.
Un exosquelette de rééducation, en revanche, est destiné à des patients. On parle aussi parfois d'exosquelette pour le handicap. Il est utilisé comme aide à la mobilité pour les personnes en perte d'autonomie. Son utilisation est encadrée par un protocole médical de rééducation qui vise la restauration d'une capacité motrice et suivi par une équipe de soin spécialisée. Dans cette catégorie, les exosquelettes sont des dispositifs médicaux.
Bien qu'ils partagent des technologies communes, les finalités de ces deux familles d'exosquelettes sont très différentes.
Exosquelettes centrés sur la tâche vs centrés sur l'humain : deux approches complémentaires
Parmi les exosquelettes professionnels, on distingue également les exosquelettes selon leur approche de conception.
Certains sont centrés sur la tâche : ils répondent à une problématique spécifique à un seul mouvement. Exemple, le maintien du bras en l'air ou l'assistance pour se redresser après avoir attrapé une charge, ou l'aide aux flexions répétées. Ils sont souvent très efficaces, mais leur usage est limité à un contexte bien précis.
Cela s'oppose aux exosquelettes centrés sur l'humain, dont la conception prend en compte la variabilité des morphologies, des mouvements et des contraintes de l'utilisateur tout au long de la journée. Ces dispositifs sont pensés pour offrir un soutien adapté sur des postes de travail polyvalents. Certains fabricants, comme Japet, conçoivent des exosquelettes dits ‘centrés sur l’humain’, capables d’accompagner la variabilité des mouvements du corps humain. À ce jour, Japet.W+ est le seul dispositif capable de protéger une zone du corps (le bas du dos) dans l'ensemble de ses mouvements.
Quoi qu'il en soit, l'analyse du poste et l'implication de l'utilisateur final restent indispensables pour garantir l'efficacité du dispositif.
Conclusion
Il n'existe pas un type unique d'exosquelette, mais bien une diversité de technologies, de zones d'action et de logiques de conception. Passifs ou actifs, centrés sur une tâche ou sur l'humain, professionnels ou médicaux : chaque modèle répond à une situation de travail spécifique.
Pour faire le bon choix parmi les différents exosquelettes, il est essentiel :
- de partir du terrain avec une analyse de poste,
- de faire une analyse théorique d'adéquation entre le matériel et votre besoin avec le fournisseur,
- et d'impliquer les utilisateurs finaux pour un test de l'exosquelettes en entreprise, en conditions réelles.
L'exosquelette n'est pas une solution miracle, mais un outil d'assistance puissant lorsqu'il est bien choisi, bien intégré, et bien utilisé.